Bonne rentrée scolaire pour vos enfants placés, mais aussi pour vous, parents.

Viser la cible, même en Protection de l'Enfance ? "Si l’on excepte les MNA pour lesquels la question ne se pose pas de la même manière, les jeunes placés sont 55 % à avoir redoublé au moins une fois. 39 % d’entre eux, contre 17 % dans la population générale, ont redoublé en primaire. 25 % ont suivi une classe adaptée aux jeunes en difficulté scolaire et 24 % disent avoir des difficultés à lire ou à écrire le français. 24 % ont connu des périodes de déscolarisation de deux mois ou plus." (I.FRECHON sociodémographe - Mission ASE 05.2019).

Parents, à vous de prendre en charge la scolarité de vos enfants placés !


Il existe sûrement de nombreux éducateurs et familles d'accueil soucieux de la réussite scolaire de votre enfant. Mais les chiffres montrent bien évidemment que ce n'est - hélas - pas le cas général.

Le placement à l'ASE est un handicap à des études longues car ces mauvais résultats scolaires incitent les professionnels à orienter les enfants placés vers des voies courtes et professionnalisantes, voire même vers rien du tout pour les filles. Mme FRECHON évoque même dans son témoignage des recherches qui ont montré que la formation des éducateurs, qui porte sur des savoirs davantage professionnels que théoriques, entraîne, chez eux, une défiance vis-à-vis des études longues.
Et puis, il faut bien reconnaître qu'au jour le jour, il est beaucoup moins fatiguant de vivre avec un jeune à qui on ne met aucune pression sur ses résultats scolaires ! Tant de batailles ainsi évitées ...

Les enjeux ? Multiples !
En premier, vous préparez l'avenir de vos enfants et vous avez bien conscience de l'importance d'obtenir un diplôme.
En second lieu, mais non négligeable je pense, vous investissez ainsi un de vos rôles de parent, rôle que ni les éducateurs ni l'ASE ne vous disputeront d'ailleurs. Et même, votre implication et vos efforts, compliqués par les restrictions dues au placement, souligneront en comparaison la "légèreté" de l'ASE sur ce sujet.
Enfin, vous avez ainsi accès à d'autres professionnels de l'éducation - ce que sont sans conteste les enseignants - qui pourront peut-être vous apporter une autre vision de votre enfant.

Quoi faire ?
D'abord prendre contact directement avec l'école de votre enfant, indépendamment de l'ASE, vous faire connaître de l'administration et de l'équipe enseignante. Expliquez-leur clairement les limites des contacts autorisés avec votre enfant pour qu'ils ne vous mettent pas involontairement en porte-à-faux, tout en leur demandant d'être discret pour ne pas le stigmatiser.
Faites-vous envoyer (par mail) toute la correspondance école-parents (bulletins, convocations, demandes d'autorisations diverses ....) et soyez toujours réactif pour répondre. Dès le collège, demandez les codes d'accès à ProNote (ou équivalent) pour suivre la scolarité par internet. Participez autant que possible aux réunions parents-prof., réunions d'informations,... et si vous ne pouvez pas, contactez les enseignants directement en leur expliquant pourquoi et en posant les questions qui vous semblent pertinentes (par mail).
Entrez en contact bien sûr avec les associations de parents d'élèves. Vous n'avez pas à être honteux de ce qui arrive à votre famille. Expliquez même, à l'occasion, aux autres familles le fonctionnement d'un placement.
Si vos tentatives directes (par téléphone et/ou mail) ne donnent aucun résultat, vous devez alors leur envoyer en LRAR un courrier exprimant clairement votre demande ( télécharger un courrier modèle) que vous devez doubler d'un contact avec le médiateur de votre académie ( lien vers la page de contact des médiateurs de chaque académie) en joignant un double de votre courrier pour information. Insistez jusqu'à avoir satisfaction, c'est important.

Suivez les progrès de votre enfant en discutant avec lui (devant le témoin des VM) et valorisez-les. Aidez-le dans ses choix d'options et conseillez-le dans son organisation.
Sachez aussi entendre ses soucis scolaires et dans ce cas, soyez positif, trouvez-lui de l'aide (associations d'aide aux devoirs dans les grandes villes, bénévoles, amis,...), et proposez une organisation "clés en main" à l'ASE.
Attention toutefois à ne pas tomber dans une "pression scolaire". Dosez intelligemment. Proposez-lui aussi des activités extra-scolaires (musique, théatre, sports,...) qui lui permettront de travailler pour réussir, d'y prendre plaisir, de se valoriser, et tout bêtement, de s'évader un peu du foyer.

Si, par hasard, l'éducateur ou la famille d'accueil est prêt à s'impliquer dans le suivi scolaire, collaborez ensemble pour donner de meilleures chances à votre enfant. Mais dans la plupart des cas, ils ne vont sans doute pas vous bénir. Par contre, il y a de grandes chances que l'équipe scolaire apprécie votre implication et votre soutien.

Ce que ça peut apporter à vos enfants ?
A long terme, je l'espère, un avenir plus souriant. Même si, sur le moment, il n'apprécie pas forcément votre demande d'efforts. Prenez bien sûr en compte la difficulté de sa situation, mais il vous remerciera plus tard de votre insistance.
A l'audience, une comparaison flatteuse entre votre implication et le comportement pour le moins léger de l'ASE, surtout si vous mettez vos actes en valeur.
La possibilité aussi de demander à l'équipe éducative leur analyse de votre enfant. Exemple ? des rapports ASE qui décrivent un enfant violent, insoumis, infect ... Et vous arrivez à l'audience avec un témoignage écrit du CPE qui décrit un élève plutôt gentil, bien intégré dans sa classe, apprécié par ses profs qui souhaitent tout de même plus de travail personnel ...
Peut-être même, pour votre enfant, la possibilité d'alléger son placement en demandant à aller en internat où il pourra être un élève - presque - comme les autres, loin de ses parents, plus autonome mais beaucoup plus libre.

La Protection de l'Enfance ne vous laisse pas le meilleur rôle, mais celui-la, elle vous le laisse. Si vous ne l'endossez pas, c'est le futur de votre enfant que vous obérez.
Et s'il n'est pas toujours gratifiant à court terme, il le deviendra quand votre enfant sera lucide sur son importance.
Document à consulter : guide des actes usuels V.2018

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